Ouvertures vers le transfrontalier

La sortie organisée à Tübingen a permis à 31 étudiants de M1 et M2, inscrits dans le parcours Ville, environnement et sociétés (VES) du Master de Sociologie de découvrir trois quartiers de la ville dont l’originalité réside dans à la fois dans les modalités de conception et dans les objectifs de transition  écologiques et de multifonctionnalité. Les trois quartiers visités : Alter Güterbahnhof, Französisches Viertel et Loretto, s’étendent chacun sur une surface comprise entre 7 et 10 ha. Les terrains, initialement acquis ou maîtrisés par la Ville, ont été revendus pour partie à des groupes d’habitants en autopromotion (Baugruppen) sur la base d’appels à projets. Cette forme d’habitat participatif a permis de développer un urbanisme dense, diversifié, intégrant habitat écologique, commerce et artisanat mais aussi des projets solidaires comme par exemple un atelier de bricolage ouvert aux habitants ou l’université populaire. Grâce au circuit et aux explications proposés par Mme Andrea Bachmann, les étudiants ont pu se rendre compte du caractère vivant et autonome des quartiers conçus pour offrir l’essentiel des services indispensables sur de courtes distances. Un autre intérêt de cette visite était lié au fait que les quartiers Loretto et Französisches Viertel existent depuis près de 25 ans, offrant ainsi un recul sur leur évolution au moment du turn-over où les premiers habitants « pionniers » cèdent peu à peu la place à de nouveaux arrivants au vécu et aux aspirations différents.

Le vendredi 7 octobre 2022, les 26 étudiants présents ont pu visiter le quartier Vauban, l’un des premiers éco-quartiers en Europe. Dans une première étape, les participants ont pu visiter librement le quartier (qu’hormis 3 d’entre eux, ils n’avaient jamais visité) afin d’aiguiser leur sens de l’observation et de recueillir des impressions empiriques. Dans un second temps, l’historique (luttes et squats au début des années 1990, Forum Vauban puis Stadteilverein comme interlocuteurs auto-organisés et reconnus par la municipalité…), et les particularités du quartier (habitat participatif ou coopératif, traitement des espaces publics/privés, architecture, gestion de l’eau et des mobilités, mais aussi gentrification…)  ont été présentés à l’occasion d’une seconde promenade guidée dans le quartier. Jens Lange et Felicia Linke, resp. aplProf. et doctorante en hydrologie ont ensuite présenté les travaux et analyses menés à propos des biocides dans les peintures de façade (également présents à Vauban) dans le cadre du projet Interreg NAVEBGO auquel a participé le laboratoire SAGE en ce qui concerne les aspects sociologiques.

Cette sortie a permis à 38 étudiants de M1 et M2, inscrits dans le parcours Ville et  Environnement du Master de Sociologie de découvrir deux aspects très différents du secteur des trois frontières autour de Bâle. La première partie de la visite a été consacrée au projet de coopération transfrontalière « Dreiland » impliquant les villes de Bâle, Weil-am-Rhein et Huningue. Judith Lenhart, cheffe de projet à l’EuroDistrict de Bâle, a assuré la visite et la présentation des principaux projets en cours. L’enjeu essentiel consiste à imaginer et réaliser la reconversion partielle de ce secteur  de près de 600 ha, encore fortement marqué par les activités industrielles et portuaires, vers un quartier résidentiel et d’activités tertiaires (il est prévu d’y accueillir 20 000 personnes à terme), dans le cadre d’une programmation transfrontalière.

En contraste avec cette première approche, la visite de l’après-midi a permis aux étudiants de découvrir les réalisations d’urbanisme transitoire le long de la Uferstrasse à Bâle. Willi Moch, de l’association I_Land et Tom Brunner de l’association ShiftMode ont assuré la visite. Le canton de Bâle, propriétaire d’un terrain d’environ 2,5 ha, autrefois occupé par des dépôts de carburant (Esso et Migrol), a, en 2014 et en attendant un aménagement futur, loué  ce terrain aux deux associations en tant qu’organisatrices générales du secteur pour une durée initialement prévue de 5 ans (prolongée depuis jusqu’en 2029). Une trentaine de constructions et d’activités se sont installées sur le terrain, essentiellement dans le domaine de la nourriture et de la culture. Les constructions ont pratiquement toutes été réalisées avec des matériaux de récupération ce qui confère à l’ensemble un aspect très varié et original qui contraste fortement avec l’urbanisme très ordonné de Bâle.